En parlant des collages d’Anderson, je mentionnais la statistique suivante :

Dans une journée de 16 heures, une personne voit en moyenne plus
de 1 000 publicités !

Et puis, étrangement, me voilà embarqué à écrire un article sur les panneaux publicitaires ??
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Qu’en est-il au Kenya et à Nairobi ?
Et bien, la publicité a toujours existé au Kenya et si vous visitez le pays pour la première fois vous serez surpris de voir que la plupart des magasins et des maisons ont leurs murs peints avec des couleurs vives et des dessins d’un style souvent naifs. Cette méthode artistique de publicité est toujours très populaire et très répandue.

Par contre, à Nairobi, les panneaux ont pris le dessus… Il y en a maintenant des centaines – si ce n’est pas des milliers; il y en a partout et certains panneaux font plus de 20 mètres de long ! Allez sur Chiromo, il y a au moins 1 kilomètre de panneaux publicitaires;  remontez vers le rond point de Westlands qui est entouré de panneaux publicitaires; puis tournez vers le Sarit Center pour encore y voir un immense panneau dont le seul but est de cacher le marché local !!

Et le pire est que cela ne s’arrête pas !!
Car avec la construction des boulevards périphériques qui a commencé cette année (les bypass comme on les appelle ici et la fameuse Thika Road) ainsi que le boom de l’immobilier, chaque site de construction est désormais caché par un long panneau publicitaire, une aubaine pour les publicitaires !

Comme énoncé dans le titre, ce type de panneaux s’appelle « hoarding » en anglais, et c’est Magnate Ventures, un des leaders à Nairobi qui me l’a appris.

« Hoarding ads » est un panneau publicitaire comportant des messages/images sur des sites de construction…

Magnate Ventures se vante d’avoir plus de 800 panneaux, 1 900 lumières de ville avec panneaux publicitaires, 400 panneaux de lieu-dit et 200 bus comportant de la publicité… Dont certains, dixit leur site, allant jusqu’à 30 mètres de long !!  Bravo à eux !!  J’imagine la fierté de la direction devant un tel panneau :

« Tu vois c’est NOUS qui avons bétonné le sol pour y construire cet immense panneau métallique. Ahhh !!! Pourrir le paysage est vraiment un beau métier« .

Législation ?

En occident, il existe des législations dans ce domaine, limitant ainsi le nombre de panneaux publicitaires érigés. Ici, il n’y a pour instant aucune législation; conséquence, on assiste à des pratiques sauvages.

Il faut savoir que pendant très longtemps, comme l’État ne faisait rien pour améliorer les routes et la signalisation, les panneaux de signalisation ou de lieu-dit et les lumières étaient tous fabriqués et entretenus par des sociétés privées. D’ailleurs, cela me surprenait toujours de voir que n’importe qui (tant qu’il avait de l’argent) pouvait installer son panneau le long de la route, tant que ce dernier était d’utilité publique (lumière, panneau de signalisation, etc.).

Beaucoup se souviendront du fameux projet « Adopt a light«  qui a été le premier à utiliser le principe de panneaux sponsorisés. Adopt a light a ainsi installé des lumières opérationnelles dans presque tout Nairobi – le principe était simple, les sociétés privées sponsorisent un poteau, une publicité y est posée et voilà !!

C’était le cas avant,  c’est beaucoup plus difficile maintenant car le City Council de Nairobi (mairie de Nairobi) s’est vraiment endurci. Peut-être que vous ne le savez pas encore, mais le City Council est devenu un superflic qui instaurent chaque mois de nouvelles lois et règles pour grossir leur budget…

Piéton traversant la route à Nairobi lorsque le feu est rouge:
10 000 Kshs

Voiture passant au feu rouge:
10 000 Kshs

Piéton traversant la route en téléphonant:
500 Kshs

Descendre/Monter d’un matatu dans un endroit non désigné:
10 000 Kshs

Pas de ceinture:
500 Kshs

Pneus usés:
10 000 Kshs

Parking:
20 000 Ksh

Comme les panneaux poussent comme des champignons et que certains vont même jusqu’à couper des arbres sans autorisation pour laisser la place aux panneaux, quelques politiciens/personnes du public ont tiré la sonnette d’alarme et l’on peut s’attendre à ce que le City Council s’attaque désormais aux panneaux publicitaires illégaux car cela leur rapportera beaucoup d’argent !

Mais combien cela coûte exactement ?

C’est une question que je me suis toujours posé, combien cela coûte ? Et bien, on peut avoir un ordre de prix en consultant le site de »Adopt a light« ; bon, il faut tout de même débourser entre 90 000 et 400 000 Kshs en fonction de la taille de la publicité; et 2 millions de Kshs pour installer un immense lumière sur un poteau de 20 mètre de haut pour éclairer les bidonvilles (projet Slum Lighting); et jusqu’à 6 millions de Kshs pour un panneau publicitaire recto verso éclairé (Light Box).

Waahhh !!!
 

La prochaine que vous roulez à Nairobi de nuit, faites un petit calcul; comptez les panneaux et vous arriverez à des sommes immenses ! Rien que sur cette photo, il y a 10 panneaux et 1 light box, donc pour près de 8 millions de Kshs !!

Et ce n’est qu’une minime partie de ce que l’on peut voir à Nairobi !

A ce prix là, on comprend pourquoi Orange a mis des mois pour changer les panneaux publicitaires après avoir acheté Telkom… Et Airtel connaît actuellement le même problème avec l’achat de Zain !!

Désobéssiance civile et vandalisme…

En occident, il existe de nombreuses associations qui luttent contre l’implantation de panneaux illégaux; dernièrement, à New York, une association avait organisé un flash mob pour peindre en blanc tous les panneaux publicitaires illégaux afin de sensibiliser la population.

Aussi, l’art de rue devenant de plus en plus populaire, de nombreux artistes et groupes d’artistes s’amusent à taguer et modifier les panneaux publicitaires. La liste d’artistes est longue, mais on retiendra Princess Hijab qui bombe des hijabs sur les modèles (souvent dénudés) des panneaux du métro parisien.

Ceci n’arrivera jamais au Kenya !!
Pourquoi ?? Tout simplement, parce que le vandalisme (ou désobéssiance civile) n’est pas très pratiqué ici; surement de peur des méthodes de travail de la police kényenne… et je peux le comprendre !! Mais, j’avoue que je suis étonné qu’aucun jeune artiste n’est pensé à devenir populaire en agissant de la sorte…

Les seuls actes de vandalisme que j’ai constatés sont l’arrachage de trois panneaux publicitaires sur James Gichuru pour des slips Calvin Klein !! Les photos d’hommes au torse nu et en slip ont surement dérangé.

Mais, en août dernier, quelques blogeurs ont parlé des panneaux publicitaires Nivéa car on y voit de plus en plus de chair, et ils ont demandé à ce que les panneaux publicitaires sexy soient interdits (comme en Afrique du Sud)… Les blogeurs se demandaient pourquoi le City Council instaurait de nouvelles lois stupides (interdiction de traverser la route en téléphonant) et ne faisait rien contre ces panneaux indécents.
 

En parlant de panneau sexy, il y a un près du Yaya Center montrant le décolleté d’une femme en gros plan pour la campagne nationale de lutte contre le cancer du sein, avec la mention suivante: « Check out my boob » (regarde mon nichon)…

Et on se souvient du panneau de Virgin Atlantic (début 2000) qui sponsorisait  l’équipe de Rugby Seven du Kenya, avec la phrase suivante

At last, we’ve got a Hooker to run around with « Virgin » on their t-shirt

…qui peut se traduire de deux manières :
 

Enfin, nous avons un talonneur qui coure avec un t-shirt écrit « Virgin » dessus

Enfin, nous avons une prostituée qui coure avec un t-shirt écrit « Vierge » dessus