Ah, une information qui concerne les français et les kényens, c’est rare !!!

Une histoire de gros sous !
Si vous ne le saviez pas encore, sachez que Telkom Kenyala compagnie nationale kényenne de télécommunication – avait été racheté en 2007 à 51% par France Télécom via Orange East Africa; de ces 51%, 15% ont été financé par Alcazar Capital, un fonds d’investissement basé à Dubai.  Les 49% restants appartiennent toujours à Telkom Kenya, soit au Gouvernement kényen.

Et oui, c’est en 2007 que Kibaki avait décidé de privatiser le secteur de la communication et le gouvernement a dépensé près de 90 milliards de kshs (900 millions d’euros) pour la privatisation de Telkom Kenya

Une fois cette vente réalisée, une campagne de rebranding nationale (nouveau logo, posters, etc.; puis repeindre tous les bâtiments en orange ainsi que les voitures, etc.) qui a couté des milliards de kshs a commencé, et la nouvelle marque, Orange Kenya s’est lancé la tête la première dans le marché de la téléphonie mobile, laissant  de côté les anciennes lignes fixes de Telkom Kenya. Cette restructuration a entraîné le licenciement de plus de 16 000 personnes sur cinq ans…

Mais tous n’a pas fonctionné comme Orange l’espérait !!

Un Orange qui tourne bleu !!
Et oui, pendant ces cinq années, Orange Kenya n’a fait que survivre sur le dos des autres – contribuables, des actionnaires, des fonds d’investissements et des banques…

Très optimiste à leur arrivée face au boom de la télécommunication mobile au Kenya, Orange s’est entêté de percer dans ce secteur malgré une rude compétitivité – on se souvient de la guerre entre Airtel et Safaricom qui ont tout deux lancer des offres à perte, un marketing de masse que même le Président Kibaki a interdit l’année dernière après qu’une majeure compagnie indienne a annoncé de plus pouvoir s’installer dans le pays à cause de ce marketing de masse à perte.

Orange a eu d’énormes difficultés pour sortir la tête de l’eau… Et leurs nombreux prêts auprès des banques et actionnaires, évalués à un montant de 42 milliards de kshs (420 millions d’euros), n’ont pas suffit. Déjà en 2008, Orange East Africa avait exceptionnellement demandé une aide financière et reçu 6,3 milliards de kshs (63 millions d’euros) de la Trésorerie nationale du Kenya.

Orange espérait bien rembourser ces prêts quelques années après et se basait sur un retour aux profits vers décembre 2010; malheureusement, la compétitivité ardue entre Airtel et Safaricom, entre autres, en août 2010, qui a baissé les prix de communication par deux, et le problème récurrent du vandalisme ne lui ont pas facilité la tâche  !

En 2011, tout va mal !!
C’est l’année où France Télécom a essayé de revendre ses parts au Gouvernement kényen, arguant que la Trésorerie n’avait pas donné toutes les informations et que les actifs n’étaient pas aussi bons que promis lors de l’achat de Telkom Kenya.

Après des mois de négociations, la Trésorerie a de nouveau fait une donation de 10 milliards de kshs (100 millions euros) à Orange Kenya en offrant un câblage fibre-optique opérationnel, espérant un redressement de la situation.

Mais cela n’a pas été le cas, car malgré une augmentation importante du nombre de souscripteurs ces derniers mois, les revenus d’Orange n’ont pas augmenté… En effet, ses clients parlent beaucoup moins longtemps au téléphone et la plupart d’entre eux appellent des compagnies compétitrices. Du coup, Orange Kenya doit payer des frais à chaque fois qu’une communication se termine chez un compétiteur (d’environ 2,21 kshs la minute)

La CCK nous apprend qu’Orange Kenya compte 28,2 millions de minutes d’appel ces trois derniers mois chez des réseaux tenus par des compétiteurs contre 14,4 millions de minutes d’appel sur son propre réseau. En gros, cela signifie que chaque mois, Orange Kenya paye plus en frais ces compétiteurs qu’il ne gagne de sous !!

L’Orange est pourrie, on fait le bilan !
Cette semaine, Orange Kenya a annoncé à France Télécom et au Gouvernement kényen que s’il ne recevait pas une aide financière de 10 milliards de kshs (soit 100 millions d’euros), il allait droit dans le mur !!

Orange Kenya ne fait pas et n’a jamais fait de bénéfices. En 2011, Orange Kenya avait une balance négative de 18,2 milliards de kshs (182 millions d’euros) avec une recette de 9,2 milliards de kshs (92 millions d’euros). Et 2012, ce n’est pas mieux, Orange annonce une balance négative de 24 milliards de kshs (240 millions d’euros) avec une recette de 11 milliards de kshs (110 millions d’euros)

En voyant ces chiffres, on comprend ce que signifie aller droit dans le mur… Dans quelques mois, Orange ne sera plus capable de payer les intérêts sur les prêts bancaires et encore moins les différents prêts reçus ces dernières années, comme :

  • Une aide de 41 milliards de kshs (410 millions d’euros) reçu de ces actionnaires… D’ailleurs, les repaiements ont été entièrement gelés
  • Un prêt de 34 milliards de kshs (340 millions d’euros) reçus de France Télécom avec un intérêt entre 9,9 et 10,2%
  • Une aide financière du Gouvernement kényen de 3,9 milliards de kshs (39 millions d’euros)

Au total, Orange a une ardoise de 51 milliards de kshs (510 millions d’euros) et doit repayer ce mois-ci à la Standard Chartered Bank entre 333 millions et 1,6 milliards de kshs (entre 330 000 et 16 millions d’euros), ce qu’il ne pourra pas faire car Orange n’a même plus les sous pour assurer le bon fonctionnement au jour le jour de sa compagnie.  Ce manquement fera boule de neige et obligera les banques à réclamer le remboursement immédiat des prêts d’un montant total de 12,5 milliards de kshs (125 millions d’euros)

Il faut également ajouter à cela, une facture de 1,9 milliards de kshs (19 millions d’euros) à payer aux compétiteurs (ces fameux frais mentionnés plus haut) et des factures pour frais d’avocat et de publicitaires allant jusqu’à 1 milliard de kshs (10 millions d’euros)

L’Orange est dans le caca !! Mais la mauvaise nouvelle est que si Orange n’obtient pas les 10 milliards de Kshs qu’il demande pour survivre, les contribuables kényens et France Télécom devront mettre la main à la poche et rajouter plus de 20 milliards de kshs (200 millions d’euros).

Et voilà, des têtes tombent, des têtes restent !!
Jane Karuku, Directeur exécutif d’Orange Kenya a annoncé sa démission hier !! Et personne ne va le remplacer car Orange a décidé de supprimer le poste.

Les survivants sont:

  • M. Ghossein, Directeur exécutif de Telkom Kenya
  • M. Allassonnière, Directeur exécutif d’Orange Kenya
  • M. Ridard, Chef des finances d’Orange Kenya
  • M. Bridard, Chef IT&N chez Orange Kenya
  • M. Laurent Giraud

On se croirait dans une émission de réalité genre Survival, qui sera le prochain expulsé ??

Remarques finales et humOrange !
Beaucoup pensent désormais que Telkom Kenya n’aurait jamais du être privatisé. Et encore moins chez les français de France Télécom !!

Enfin, il faut remarquer qu’Orange s’est lancé la tête la première dans le marché du GSM/téléphonie mobile, excluant ainsi des marchés déjà existants et plus ciblés, tels que les lignes fixes et les bandes passantes/données. Et oui, avant Orange Kenya, la compagnie Telkom avait des produits intéressants comme leurs lignes fixes, Kenstream, Jambonet, Kensat et Telkom possédait déjà la fibre optique en centre ville… Donc, on peut l’affirmer, Orange s’est complètement planté !!!

Et je finis par cette remarque que j’ai lu et qui m’a fait sourire:

Mes lignes Telkom n’ont pas fonctionné depuis des mois.  Je ne l’avais même pas remarqué jusqu’à ce que je lise dans le journal qu’il nous demande 10 milliards !

Référence:
Nation – Telkom wants Sh10bnn bailout from taxpayer
Nation – Telkom still lives off other peoples money
Telkom Kenya manager leaves amid push for Treasury ball out

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    Orange pourrie !