Wangechi Mutu est une artiste kényenne qui connaît désormais un certain succès sur la scène internationale.  Née à Nairobi en 1972, Wangechi a quitté le Kenya en 1992 pour l’Angleterre pour y finir ses études, puis s’est installé à New York après avoir été diplômée à l’Université de Yale.

Wangechi Mutu

La plupart de son travail est un étrange mélange de femmes africaines autochtones et de pinups super-sexy qu’elle déforme à volonté avec des éléments collés. Wangechi veut par cela montrer la contradiction qui existe de nos jours entre la femme africaine et son identité culturelle, mettant en conflit la beauté, le consumérisme, le colonialisme, la race et le sexe.

Wangechi Mutu Wangechi Mutu

Wangeri Mutu a déjà exposé à San Francisco, à Miami, au Tate Modern de Londres, au Centres Pompidou de Paris (c’est là que nous avons quelques-unes de ses œuvres), à New York, Dusseldorf, etc. et elle tient actuellement sa première exposition solo, intitulée « This You Call Civilization?« , à l’Art Gallery d’Ontario (lire un article de presse sur l’expo).

Collage de BastCollage de Judith Supine

Son travail ressemble beaucoup à celui de Bast et de Judith Supine, deux artistes de New York qui pratiquent également l’art du collage.  Bast est un « vieux de la vieille«  et ces collages se vendent comme des petits pains malgré les prix exorbitants. Judith Supine est une nouvelle artiste qui est sortie du lot l’année dernière et connue pour ses collages de rue à couleur flashy (généralement vert fluorescent).  Une œuvre originale de Wangechi Mutu vaut environ entre 15 000 et 30 000 dollars, soit moins cher qu’un Bast mais plus cher qu’un Supine.

Wangechi MutuWangechi Mutu Wangechi Mutu

Wangechi Mutu Wangechi Mutu
Wangechi Mutu Wangechi Mutu

On peut voir sur la vidéo ci-dessous qu’elle commence toujours par un petit(e) dessin/peinture qu’elle complète ensuite par de multitudes de petits collages tirés des magazines de mode, magazines de santé et même pornographiques.  Sa première ébauche finie, elle va ensuite réimprimer le tout en grande taille et va refaire la même chose (dessin/peinture + collage) sur un format beaucoup plus grand. Une fois complétées, ses œuvres sont gigantesques; puis elle finit par utiliser toutes sortes de matériaux (ruban adhésif, encre, colle, peinture, perles, terre, ficelles, etc.).

Enfin, on finit par une traduction d’un extrait de l’interview de Wangechi Mutu sur National Post

Question – Vos œuvres sont belles mais elles peuvent également choquer. Pourquoi est-ce si important de mélanger les deux?

Réponse – Je pense que cela tient du fait que nous n’arriverons jamais à savoir ce qui est beau et ce qui est affreux et c’est sur quoi mon travail est fondé. Je ne vais pas à l’extrême ni dans un sens ni dans l’autre et je ne fais pas non plus de distinction entre les deux. C’est très difficile pour moi lorsque je demande à quelqu’un ce qu’il trouve de beau et de choquant dans mon travail parce que la plupart du temps je ne suis pas d’accord avec sa réponse. Je finis par dire: ‘Quoi ? Tu ne trouves cela pas beau? C’est très beau à mes yeux ».

Question – Vous utilisez souvent des magazines de mode pour vos collages. Quel est votre intérêt particulier pour le monde de la mode ?

Réponse – J’utilise essentiellement les magazines qui ont des images de femmes; alors je finis souvent avec des magazines de mode parce qu’il y a toujours des photos de femmes. J’utilise aussi des magazines pornographiques. Et quelques National Geographic aussi lorsqu’il y a des articles sur les femmes autochtones et leurs corps. Quelquefois, j’utilise des magazines de motos car les femmes y sont souvent en premier plan.

Wangechi Mutu

En gros, la mode est le milieu qui offre le plus d’images de femmes et de tout genre. Mais j’aime le monde de la mode et je suis très intéressée par le style, l’habillage, la manière de s’habiller et de montrer son corps en tant qu’outil de persuasion ou de dissuasion. Je pense que nous avons tous, à défaut d’un terme plus approprié, des tendances tribales, et que nous avons tous des habitudes/coutumes à travers l’habillement et le maquillage.

Question – Pourquoi du collage plutôt que du dessin ou de la peinture?

Réponse – Je ne sais pas si je pourrais dessiner/reproduire ces images aussi bien les originales. De plus, l’image peut être utilisée dans un autre contexte. J’utilise des illustrations tirées de vieux libres médicaux à but satirique; à l’origine elles étaient là pour essayer d’illustrer la réalité, mais j’aime les sortir de leur contexte original. Aussi, j’ai été étudiante en biologie et l’on devait souvent dessiner et apprendre à partir de dessins. J’apprécie cela parce que ma mémoire assimile mieux les images.

Question – Quelques-unes de vos œuvres, comme le mur cicatrisé à Toronto parle de la violence. Avez-vous un évènement bien précis en tête?

Réponse – En 2003 et 2004, je pensais à la guerre que les Etats-Unis allaient démarrer. Je me souviens que c’était vraiment une sensation étrange de savoir que le pays dans lequel tu vis va aller en guerre. Quelque chose de très violent allait avoir lieu à des milliers de kilomètres de l’endroit où tu vas te réveiller pour boire ton café matinal. Des vies perdues à cause de mauvais politiciens. Je le pensais vraiment et j’étais vraiment en colère. Les blessures sur le mur sont nées de cette frustration. J’ai aussi effectué des recherches sur les murs percées de balles en Afghanistan, en Irak et en Palestine.

Question – Vous avez été citée dans Vogue l’année dernière. Quel effet cela vous a fait, vous qui découpez dans ces mêmes magazines?

Réponse – Je ne pense pas que les magazines de mode sont tous représentatifs du mal. Mais je pense que la mode joue un grand rôle dans l’oppression des femmes – on y voit toujours le même type de personne et c’est de la pure fiction, j’étais frustrée car il existe tellement de femmes différentes, de différentes cultures et tailles et formes. Alors j’étais en fait très heureuse d’être photographiée enceinte en tant qu’artiste qui arrive à allier carrière et vie de famille. Je pense que beaucoup de femmes sont laissées de côté car pour elles c’est très dur d’être prises au sérieux lorsqu’elles ont une vie de famille.

Question – L’arrivée d’un enfant dans votre vie a-t-il changé votre manière de concevoir vos œuvres?

Réponse – Cela a changé ma manière de gérer le temps et cela a changé en général ma perception du temps. Maintenant, je me rends compte à quel point le temps passe vite.

Et on finit avec quelques liens, comme d’habitude :

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  1. Rosemary Karuga (ou la fin des collages du mardi) · Peperuka

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