Cela chauffe à Nairobi !!  Il y a eu plusieurs manifestations la semaine dernière et une nouvelle manifestation (qui semble dégénérer) a lieu actuellement en plein coeur du centre ville de Nairobi.

La raison de cette colère, la police !!!

Et oui, le 6 mars dernier, deux jeunes défenseurs des droits de l’homme, M. Kamau King’ara, directeur de la Oscar Foundation, et M. John Paul Oulu ont été exécuté par un groupe armé en plein coeur de Nairobi.  Kamau et John se rendaient en voiture au bureau de  M. Kamanda Mucheke, de la Commission nationale kenyane sur les droits de l’homme.

D’après quelques témoins – qui craignent actuellement pour leur vie – les assassins étaient des policiers, il semblerait même que le chauffeur du minibus portait son uniforme. De plus, il semblerait qu’un autre témoin ait été blessé par une balle dans la jambe et emporté par la police qui est vite arrivé sur les lieux du crime !!

S’ensuivit de violentes manifestations ont eu lieu le 7 et 8 mars…

Police tu pues la pisse !!

En tendant bien l’oreille aujourd’hui, on aurait pu entendre quelques couplets de Pierpoljack “Police dans ton burlingue ça sent la pisse ça sent le vice“…

Les étudiants, beaucoup portant les fameux du scandale de Jamhuri Day et d’autres organisations pour la protection des droits de l’homme, se sont rassemblés pour crier qu’il faut “Virer Ali !!”, le chef-commissaire de la Police de Nairobi, puis ont chanté l’hymne nationale kenyan sous le bruit de quelques coups de feu tirés en l’air par la police.

La police kenyane condamnée par les Nations Unies !!

Le pire dans cette histoire est que la vieille de ce drame, M. Philip Alston, envoyé spécialiement des Nations Unies pour effectuer une enquête sur la police kenyane, présenté au rapport après sa courte visite de 10 jours.  Son rapport peut être lu sur le blog de KenyanPundit (Word doc – 58 kb, en anglais) mais il peut se résumer par ces deux lignes suivantes :

Les assassinats commis par la police sont systématiques, réguliers et bien planifiés à l’avance.  Ils sont commis de plein gré et sans aucune impunité

Bref, ce rapport est accablant et M. Alston dit avoir entendu des témoignages atroces d’assassinats commis par la police…  mais la police nie toute accusation.

Il dit que “La police peut tuer pour des raisons personnelles. […] La plupart du temps, ils tuent au nom de la lutte contre la criminalité mais dans la plupart des circonstances ils auraient pu très bien les arrêter“.  Il prend pour exemple l’assassinat de James Ng’ang’a Kariuki Muiruri, âgé de 29 ans, tué par la police le mois dernier à Nairobi :

Après un désaccord avec un policier dans un hôtel, un officier de police a arrêté la voiture de James et de son frêre et lui ont ordonné de sortir de la voiture.  Lorsqu’il a demandé pourquoi il était arrêté, James a reçu trois balles. […] La seule chose d’exceptionnel dans cette histoire est que James était le fin d’un ancien parlermentaire et que l’incident a été vu apr des témoins

M. Alston déclare qu’il n’y a aucune trace des assassinats commis par la police et qu’il est impossible d’effectuer des enquêtes indépendantes.  Il accuse ouvertement la police d’avoir torturé et tué des centaines de personne lors des conflits dans la région de Mt Elgon en mars 2008 et semble posséder des preuves évidentes que la police possède même un groupe spécialisé dans la traque des membres de la famia “Mungiki” afin de les éliminer, et il demande instamment au président Mwai Kibaki a renvoyé le chef-commissaire de la police.

Le Kenya, un pays qui n’offre aucune protection aux témoins

Mais le pire dans cette histoire (et oui encore) est que la vieille (et oui encore), la Commission nationale kenyane sur les droits de l’homme (financé par le gouvernement et avec M. Alston a travaillé lors de sa visite) a diffusé une vidéo d’un ancier policier, tué en octobre 2008, témoignant de l’assassinat de plus de 50 personnes ciblées par ce fameux “groupe de la mort“.   La vidéo est disponible sur le site de Mars Group (en anglais) et la version papier est disponible sur le blog de KenyanPundit (en PDF, 16 pages).

J’ai lu le témoignant et il est accablant pour la police…  Ses policiers “spéciaux” recevaient des primes variant entre 150 et 200 euros par tête pour “bon travail” (kazi mzuri).  Pour la plupart des crimes, les policiers déposés des armes près des corps pour simuler une lutte armée ou prouver que la personne appartenait à des gangs armés.

Voilà, toute la blogosphère kenyane en parle et cela fait peur dans le dos… Le Kenya, un pays où la police se permet de payer des tueurs à gage pour bien finir le travail, c’est-à-dire tuer des membres de la société civile, des journalistes, des politiciens et des témoins, bref, tout ce qui en savent un peu trop.

POSTTAG - Array


Commentaires:

  • Les commentaires sont actuellement fermés.