Il y a eu beaucoup d’évènements ces dernières semaines pour Boniface Mwangi !

Lancement de MaVulture…
Dans un des mes précédents articles, j’annoncé le lancement par Boniface Mwangi d’un site intitulé MaVulture dont le but est de répertorier les politiciens véreux !

Beaucoup avaient annoncé que MaVulture ne durerait pas et que Boniface Mwangi serait vite accusé de diffamation par les politiciens concernés… mais il continue doucement son bonhomme de chemin en publiant une page de temps en temps sur les politiciens kényens… les derniers en date étant Raila Odinga et Kalenzo Musyoka (le retourneur de veste).

Malheureusement, Boniface est une personne tellement engagée que la plupart des lecteurs ont peur… c’est pourquoi, seulement une poignée de personnes se permettent de commenter ou d’appuyer ce qu’il fait.

D’ailleurs, peu après le lancement du site, quelques personnes avaient déjà reçu des menaces sur Twitter et par SMS les invitant à ne pas lire ce que Boniface rédige et à ne pas commenter (oui, oui… 

Enfin, il ne faut oublier le moto de Mavulture, « Art for change« , car initialement Boniface souhaitait la pleine participation des artistes locaux et publier leur oeuvre en ligne pour qu’elles soient téléchargées gratuitement et partagées.

Pawa 254, à deux pas du Président !
Pawa 254 (ou PawaHub), c’est le bureau de Boniface Mwangi… c’est là qu’il rédige ses articles et organise les prochains évènements de protestation avec un petit groupe d’artistes, de photographes et d’autres individus ayant un intérêt particulier pour le changement.

PawaHub est à deux pas de State House (la maison du président), c’est comme-ci Boniface attendait sagement son tour…
 

Comme son nom l’indique (Power et Hub), le principal objectif est donner la possibilité aux jeunes, aux entrepreneurs, aux artistes, aux hotographes, etc. de se rencontrer pour échanger leurs idées et leur créativité. Tous les mois, Pawahub essaye d’organiser des ateliers ou des journées de discussion avec des personnes célèbres et cela gratuitement !

D’ailleurs, Boniface a eu la visite surprise avant-hier d’Eric Schmidt, qui est ni plus ni moins le Directeur exécutif de Google. Impressionnant !!

Eric Schmidt était de retour de Corée du Nord, il a fait une escale à Nairobi car le siège Google Afrique se trouve à Nairobi et il a pris le temps de rendre visite à Boniface et ses artistes graffiti (dont Bankslave sur la photo au-dessus). Ils ont surement discuté, entre autres, du projet de Google Kenya de lancer une plateforme en ligne pour surveiller le déroulement des élections.

Lauréat du prix Prince Claus !
Début décembre 2012, Boniface Mwangi a été nommé lauréat du Prix du Prince Claus dont le but est d’honorer les personnes ou organisations reflétant une approche contemporaine et progressive sur les thèmes de la culture et du développement !

On peut voir quelques photos de Boniface avec la Reine Béatrice ainsi que la photo officielle de la remise du prix avec la Reine et la famille royale.

Boniface Mwangi et son ami Swift Graffiti ont même eu le privilège de dessiner  un graffiti devant le Palais royal des Pays-Bas à Amsterdam !!!

Arrestation à Nairobi !!
À peine rentré à Nairobi, Boniface avait décidé de s’attaquer à un deuxième mur, près de la caserne des pompiers en centre-ville. Voici l’image que Boniface et son équipe voulait poser sur le mur, le tout filmé par une équipe de télévision italienne !

On reconnait bien les anciens présidents du pays, Kenyatta, Moi et Kibaki…

Malheureusement, il a été arrêté par un officier en civil qui passait par là… Ci-dessous la vidéo de l’arrestation en direct.

Boniface a été relâché le lendemain après avoir payé une caution et a été demandé de se présenter à la cour de justice le 7 janvier 2013.

Fort heureusement, début janvier, Boniface a indiqué que les policiers ont annulé l’inculpation et qu’il n’y aura donc pas de procès. D’ailleurs, le chef de la police lui a conseillé de continuer car ce qu’il fait est bien pour le pays, mais légalement, c’est-à-dire sur des murs privés et avec autorisation du propriétaire.

Nommé « Personne de l’année 2012 » par GlobalPost !!
Alors même que Boniface se trouvait dans la cellule de police, GlobalPost publie une liste des 12 personnalités de l’année sur sont site Internet. On y trouve de grandes personnalités comme Julien Assange, Christine Lagarde, Hillary Clinton, Psy – le plouc qui a tué Nyan Cat avec ses « sexy lady« , Malala Yousafzai, Chen Guangcheng…. et on y trouve également Boniface Mwangi, que GlobalPost introduit comme ceci:

Un jeune photographe de 29 ans qui a gagné le prix du Prince Claus et mis en avant par lemagazine TIME sur l’Afrique, « Africa Rising ». Activiste politique, il essaye d’encourager la population kényenne à mettre dehors les mauvais politiciens et à voter pour un changement, ce qu’il appelle la « révolution de l’urne ». Avec les élections au Kenya en mars 2013, ce pays a besoin de jeunes comme lui.

NB. Article en deux parties, la suite prochainement avec des photos du cortège funéraire, encore plus d’art graffiti et un petit coup de gueule !

Et oui !!! 43 tribus !!

Donc, si vous avez répondu 42 tribus (soit 73% des participants) à la question pour le concours kikoi et bien, dommage, c’est raté !!! D’ailleurs, le concours est fermé, pas un seul gagnant donc tirage au sort dans la journée…

Car il y a bel et bien 43 tribus au Kenya… la dernière tribu reconnu officiellement par l’administration de Kibaki en 2007 étant les nubiens de Kibera…

Vous pouvez ignorer les 139 pages qui parlent de « 42 tribus » (dont le Petit futé, le Guide du Routard, l’Union africaine,) et saluer les 4 pages qui parlent de « 43 tribus ».

Et voici l’histoire des nubiens… les oubliés du Kenya…

Vers la fin du XIXème siècle, lorsque le Soudan était sous la tutelle anglo-égyptienne, l’armée britannique enrôlait de force les soldats soudanais de la région de Nubia pour l’armée turco-égyptienne. Ces soldats soudanais ont joué pendant des années un rôle très important défendre toute la région de la corne d’Afrique orientale contre les forces allemandes et italiennes installées en Somalie, au Soudan et en Tanzanie… que ce soit durant la première et la deuxième guerre mondiale.

Après une mutinerie en 1897, l’armée anglais a décidé de les ramener au Kenya et de leur attribuer un terrain/camp dans la ville de Nairobi. Ce camp fut appelé par les nubiens « Kibra« , ce qui signifie dans la langue nubi « le pays de la forêt« … En 1955, 3 000 nubiens vivaient à Kibra; et un siècle après, ce lieu –  désormais connu sous le nom de Kibera, un des plus grands bidonvilles d’Afrique – est toujours habité par des nubiens; et l’on compte environ 100 000 nubiens au Kenya.

Les nubiens et Kibera d’avant….

Jusqu’à l’indépendance du pays en 1963, les nubiens étaient appelés « personnes sous protection britanniques » mais ils étaient censés recevoir la nationalité kényenne une fois le pays proclamé indépendant et devenir propriétaire du terrain de Kibera. Mais cela n’a pas été le cas et la plupart des nubiens de Kibera se sont trouvés sans nationalité.

Aujourd’hui encore, 50% de la population des nubiens vivent à Kibera, l’autre moitié ayant quitté le bidonville pour vivre dans des villages du Kenya généralement habités principalement par des nubiens. Et parmi les nubiens, beaucoup sont toujours sans nationalité (environ 13% des adultes ou plus) et peinent à obtenir la nationalité kényenne.

Prenons le cas d’Abdulhaleem El-Busaidy: on lui a refusé la nationalité kényenne en 2010 parce qu’il n’avait pas le certificat de naissance de son grand-père. Un officier lui a indiqué qu’à cause de son appartenance ethnique, sa nationalité doit être vérifiée conformément à une circulaire secrète stipulant que:

« Pour les asiatiques et les arabes, un certificat justifiant la nationalité des parents et des grands-parents est nécessaires« .

Cette circulaire, de la section 8 du Registration of Persons Act s’applique encore actuellement pour les populations vivant près des frontières kényennes (comme les somalis, les borans et les gabras) ainsi que des groupes ethniques particuliers (comme les nubiens, les arabes de la côte et les sud-asiatiques).

Une situation pénible pour les nubiens et autres groupes ethniques, pour la plupart musulman, car la majorité doit obtenir les documents souvent inexistants et passer une interview devant des officiers corrompus.

J’ai été voir la personne en charge de la délivrance des cartes d’identité et elle m’a demandé si j’étais musulman et j’ai répondu « Oui » alors elle m’a dit « Ok, nous ne réglons pas les problèmes des musulmans ici »

Depuis que les nubiens ont été reconnus par le Président Kibaki en 2007 comme étant la 43ème tribu officielle du pays, les choses ont quelque peu changé. La plupart d’entre eux ont désormais une carte d’identité mais la discrimination sociale perdure et les nubiens sont toujours marginalisés; 70% des nubiens sont sans travail et seulement 2% des enfants atteignent les études secondaires… et même à Kibera, la communauté nubienne est exclue des projets de réhabilitation urbaine lancé par le Gouvernement kényen et pire encore le gouvernement refuse de leur attribuer les 4 000 hectares de terrain de Kibera.

Les nubiens et Kibera d’après…

Reférences

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Traduction d’extrait des rapports « Nationality and Discrimination: The Case of Kenyan Nubians« ; « Nubians: Numbers and Voices » et « IslamKenya Bulletin« 

Pour voir toutes les photos du peuple nubien et de Kibera d’avant et d’après, rendez-vous sur le site NubiansinKenya.com, créé par Greg Constantine.

Et ce texte français sur l’apatridie des nubiens du Kenya

Dernièrement, des nouvelles fuites provenant de l’Ambassade des États-Unis à Nairobi ont été publiées sur le site Wikileaks.

Beaucoup de ces fuites, pour la plupart classées confidentielles ou secrètes, sont intéressantes et vaut le coup d’être lues si vous avez le temps ! Surtout que beaucoup parlent des politiciens eux-mêmes…

Voici en bref les faits les plus marquants:

• Le nom des politiciens privés de VISA aux États-Unis pour les problèmes de drogue sont enfin connus.

• Pareil pour les politiciens privés de VISA aux États-Unis suite aux conflits post-électoraux

• Kalenzo Musyoka, le « retourneur de veste » est caractérisé comme « un faible intellectuelement qui n’a aucun programme« . On y apprend que Musyoka a demandé à George Bush de convaincre Kibaki de ne pas se présenter aux élections de 2007 disant que ce dernier est vieux et a une santé fragile.

• On y apprend aussi en gros que Raila Ondiga est nul en politique et que son équipe l’est encore plus que lui: « Odinga a affaibli son autorité et son efficacité en s’entourant d’une équipe incompétente et divisée au bureau du Premier Ministre.« 

• Et que Kibaki, contrairement à ce que tout le pense, se porte très bien et n’a aucun problème de santé, qu’il tient son équipe avec une main de fer et qu’il est un fin politicien.

• Enfin, il y a cete histoire du cireur de chaussure-espion installé devant l’Ambassade des États-Unis à Nairobi qui travaillerait pour les services secrets kényens ?

Et comme promis, je n’en dis pas plus (pas de politique)… Les fuites Wikileaks de Nairobi sont disponibles sur Wikileaks ou quelques-unes des pages mirroirs)

Oh non, un article qui parle de politique…
 

J’avais dit l’année dernière que je réduirai le nombr d’articles parlant de politique, et c’est le cas, je ne sais pas si vous avez remarqué, j’ai drastiquement réduit le nombre d’articles parlant des politiciens et de leurs mauvaises manières…. et j’omet des sujets importants comme la famine et la sécheresse qui touche le pays actuellement.

Le pourquoi du comment du donc ??

Pour reprendre Jamel Debbouze (de vache, on a du la lui faire dix milles fois celle-ci), « Non, non, je ne suis pas un journaliste qui passe son temps à prendre plaisir à distribuer des mauvaises nouvelles ou parler de mauvaises personnes« .

Si vous vous intéressez à la politique kényenne, alors lisez la presse !
 

Et alors ??
Aujourd’hui, on parle du grand flop de la semaine dernière !

Des politiciens qui organisent une conférence de presse pour annoncer aux médias que ces derniers doivent abandonner l’utilisation du terme « KKK«  pour désigner leur nouvelle alliance politique !

Il n’y a que les imbéciles qui ne
changent pas d’avis

Le plus bête dans cette histoire est que le terme « KKK » a été employé en premier par les politiciens eux-mêmes pour désigner leur alliance « Kikuyu-Kalenjin-Kamba« .

Une image d’un poster de Banksy qui traduit bien la chose et l’expression « se tirer une balle dans le pied »… Ici, on pourrait dire « accrocher sa propre corde à son cou »

La campagne électorale 2012
Et oui, comme en France !! L’année 2012 n’a pas encore commencé et pourtant les politiciens n’ont qu’une seule chose en tête, gagner les élections de 2012.

On a donc:

• Mwai Kibaki, Président sortant, et on ne s’est pas s’il va se représenter… je ne le pense pas car c’est un vieux monsieur.
• Raila Odinga – vous vous souvenez du Gouvernement de coalition après les conflits électoraux de janvier 2008 – qui est leader du parti ODM et favori pour les élections de 2012. Odinga est l’élu des luo/luhyas
• William Ruto, Ministre de l’éducation, l’élu des kalenjins…
• Kalenzo Musyoka, Vice-Président, et l’élu des kambas…
• Uhuru Kenyatta, Ministre des finances, et l’élu des kikuyus…

Et vous pouvez le constater, tout cela reste très tribal, en effet !!

Comme Odinga est donné favori pour les élections de 2012, les trois autres prétendants ont donc décidé de former une alliance regroupant les trois tribus commençant par la lettre « K » – donnant ainsi naissance au « KKK » – et faire concurrence à l’alliance d’Odinga, qu’ils avaient appelée « LLL« , comprendre « Luo – Luhya – Le reste« .

Heureusement, la National Cohesion and Integration Commission (NCIC) a annoncé la semaine dernière que l’alliance KKK favoriserait la haine raciale. Même l’ancien président, Daniel arap Moi, a condamné lors d’un discours le regroupement de parti politiques/politiciens sur le seul critère d’une appartenance à une tribu !

(suite…)