Qu’est ce que Shuga ?

Shuga est le nom d’une série télévisée lancée par la Fondation MTV Staying Alive* et qui a été diffusé en décembre dernier sur plusieurs chaînes de télévision kényennes.

*Le but de la Fondation MTV Staying Alive est de réduire le risque d’infection du VIH/SIDA
dans le monde des jeunes, à l’aide de campagnes de sensibilisation
axées principalement sur les médias.

Shuga a eu beaucoup de succès auprès des jeunes kényens car Shuga ne ressemble aucunement aux autres séries télévisées kényennes souvent de très mauvaises qualité.  Shuga a été fait par des professionnels, et cela se voit tout de suite.  Shuga est donc peut-être le premier feuilleton kényen de qualité internationale.

Bon, Shuga parle de sexualité chez les jeunes et nous embarque dans la vie de jeunes étudiants, tous brillants  mais qui mettent leur vie en danger à cause de mauvais choix dans leur vie sexuelle.  Shuga est éducatif, provocant et marrant; et a eu beaucoup de répercussions sur la population kényenne car un grand nombre de jeunes ont été se dépister après avoir visionné Shuga (Note – les trois feuilletons de 25 minutes peuvent être visionnés en bas de cet article).

Alors, face à ce succès, on peut se demander si l’on verra très prochainement de nouveaux feuilletons comme Shuga et parlant de la sexualité sur les chaînes kényennes ??  Et bien, la réponse est simple : NON !!!

Le gouvernement kényen a la main mise sur les médias !

Tout simplement, parce que le 8 janvier 2010, M. Ndemo, Secrétaire permanent chargé de l’information et de la communication, a annoncé que le gouvernement allait modifier la loi sur les médias pour imposer plus de censures… et ce malgré le fait que les médias et le gouvernement étaient parvenus à un consensus en novembre 2009.  Bref, un « coup du poignard dans le dos » des médias ou une porte-guillotine comme sur le dessin de Gado ci-dessous.

Donc, plus (+) de censure !!! C’est-à-dire qu’à partir du 1er janvier de cette année, les radios devront limiter les débats/discours sur le thème de la sexualité et que les scènes à caractère sexuel dans les films du soir (après 10 heures du soir) seront également censurés (et oui, les films avant 10 heures l’étaient déjà).  La nouvelle loi demande aussi à ce que les médias ne tiennent pas de discours à caractère offensif, parlent de la sexualité de manière explicite et offensive ou font gloire à la violence.

Un vrai retour en arrière.** Dommage, car les kényens avaient pris goût à cette liberté d’expression et plusieurs articles sur le journal Nation en décembre 2009 avaient montré qu’il y avait un manque total d’éducation sexuelle chez les adolescents (mais quand je dis total, c’est vraiment total… genre les filles qui n’ont jamais entendu parlé des règles, ou des jeunes qui pensaient encore que les garçons naissaient dans les choux)

** Comme pendant les années Moi, où il n’y avait qu’une seule chaîne nationale (la KCB) et tous les films étaient coupés, même pour un baiser (ils ont même passé « 9 semaines 1/2 » et coupé la scène du striptease – un peu idiot quand même)…Par contre, lorsque cela parlait de Jésus, pas de problème : je me souviendrai toujours:
1/ Du film sur un gars qui prenait toutes les drogues qui existait sur Terre et s’enfermait dans une boîte-scaphandre pour être plus prêt de Jésus…  Du délire total !!
2/ Du film du gars qui travaillait à la morgue et qui avait du plaisir à forn*quer avec les morts… surtout la scène finale, où il se pend dans la morgue devant sa copine (il a enfin une érection devant sa copine) après avoir commis lui avoir avoué qu’il aime les morts.
Je pense que ce jour là, le gars de la censure a du dormir devant sa télé !!

Et tout cela sera bien sûr egalement inclus dans la nouvelle constitution ainsi que dans le code civile et pénal.   D’ailleurs en parlant de la nouvelle constitution, les dirigeants étaient la semaine en pleine réunion à Naivasha pour parvenir à un accord et finaliser la rédaction du projet de la nouvelle constitution.  Mais, actuellement, nous assistons à une bataille menée par les catholiques contre les mulsulmans, ce qui est vraiment navrant.  J’avais dis dans mon article « Petites nouvelles pluvieuses du Kenya » que « l’homosexualité ne sera plus un crime« .

L’homosexualité au Kenya est et sera toujours un crime !

Et oui, que de fausses promesses/rumeurs en novembre 2009 lorsque l’on apprenait que l’homosexualité ne serait plus un crime et que l’abortion serait légale en cas de force majeure…  Mais dernièrement, on a appris que des lobbyistes ont presque réussi à modifier le texte afin qu’il soit explicitement écrit que « le mariage doit être une union entre deux personnes de sexes opposés » et que « la vie commence à la conception d’un enfant« .  Heureusement, les docteurs sont totalement opposés à cette dernière.

C’est pourquoi, le deuxième paragraphe de la section 67 du projet de constitution énonce toujours qu’ « Un adulte a le droit de se marier avec une personne de sexe opposée, si les deux parties sont consentantes« .  Les homosexuels n’ont plus qu’à se battre pour que le troisième paragraphe de la Section 67, disant que « Chaque adulte a le droit de fonder une famille« , ne soit pas supprimé pour avoir un léger petit espoir…

Alors qu’en sera-t-il pour les homosexuels ? Bah, pas grand chose vu l’intérêt des lobbyistes sur cette question et surtout vu ce qu’il se passe en Ouganda – où une loi anti-homosexualité a failli être voté; loi qui condamnerait toute personne homosexuelle à la peine de mort, gloups… une loi qu’Obama qualifiait de « loi odieuse »  – quoi qu’il en soit, le code pénal restera le même…  Donc, à mon avis, pas de changement à l’horizon, les homosexuels devront bien relire les sections 162 à 165 du code pénal et mettent le numéro d’urgence du GALCK (Gay and Lesbian Coalition of Kenya) en mémoire dans leur téléphone : 020 2426060 en cas d’arrestation***.
***Et si vous être homosexuel(le) et que vous venez au Kenya, surtout, (je dis bien surtout), ne couchez pas avec un(e) bel(le) inconnu(e) car certaines personnes profitent de cette loi pour vous dénoncer auprès de la police après l’acte, la police vous demandant ensuite un gros pot-de-vin, et c’est çela ou la prison !!

Extrait de la Section 165 du code pénal.
Une personne de sexe masculin qui, en lieu public ou privé, commet un acte indécent avec une autre personne de sexe masculin, […], ou essaye de commettre ces actes avec une autre personne de sexe masculin, avec lui-même ou une autre personne de sexe masculin, que ce soit dans un lieu public ou privé, sera coupable de crime et passable d’un emprisonnement de cinq ans, avec ou sans punition corporelle.

Et on finit avec cette petite phrase trouvée sur le site de GALCK et qui résume bien la situation actuelle au Kenya :

En particulier, nous demandons à ce que le Comité d’experts chargés de la rédaction du projet de constitution préserve la séparation entre l’Eglise et l’Etat et ne fléchit pas sous la pression de groupes religieux souhaitant utiliser les notions religieuses pour définir des éléments sociaux […] de la constitution, et ainsi accentuer la discrimination de certaines minorités.

Et oui, ici, l’Etat l’Eglise est roi !!  Vive l’Etat !!  Vive l’Eglise !!

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EPISODE 1, 2 ET 3 DE LA SERIE « SHUGA »