Maudites soient les roses de la Saint Valentin !!
Vous vous souvenez peut-être que j’ai écrit, en janvier 2009 et peu après la diffusion de l’émission Envoyé Spécial dédiée à l’horticulture au Kenya, un long article sur les roseraies de Naivasha.

Naivasha en 2000Et bien, une année est passée et l’on peut dire que rien n’a changé !! Ah si !!  Cela a changé mais en pire !! Lors de notre petit week-end à Naivasha en janvier 2010, Peperuka et moi avions remarqué que le niveau du lac était vraiment bas…  De plus, il avait une couleur rosée, ce que je n’avais jamais vu auparavant…

Pêcheur de NaivashaEt voilà que le mois dernier (février 2010), quelques jours après des petites pluies, des poissons morts ont commencé à flotter sur la surface du lac, apparemment mort de suffocation (mais on n’en sait pas plus).  La situation est devenue tellement préoccupante que les autorités municipales ont interdit la pêche et demandé à ce que les locaux ne mangent pas de poissons du lac.  Car même les aigles et les cormorans daignent manger les poissons !!

Un bateau de touristes a pêché en moins d’une après-midi plus de 600 poissons morts ! Bien sûr, les roseraies et fermes adjacentes ont tout de suite été accusées.  Des échantillons de l’eau du lac ont été envoyés en laboratoire pour analyse et les résultats de l’analyse devraient être annoncés cette semaine ou la semaine prochaine nous informe le journal Nation aujourd’hui.

Et pendant ce temps en Europe !!
Et bien, ce petit article de presse de l’Ouest-France nous informe que les horticulteurs sont mécontents de la tournure que prend leur profession…  En effet, ils ne veulent pas tomber sous l’emprise de multinationales qui dictent le marché !!

Publicité Val'horEt oui, vous verrez très bientôt – entre le 4 et 6 mars pour la fête des grands-mères et entre le1er au 10 avril pour fêter le printemps – des spots publicitaires télévisuels ayant pour slogan « Mère-grand, que vous avez de belles fleurs ! », financés par la filière horticole Val’hor, afin d’inciter les gens à acheter des fleurs et des plantes. Val’hor dit :

« […] Plus de trente millions de Français verront ces publicités. De quoi doper le trafic dans les points de vente. »

Mais où est le problème vous allez me dire ?? Et bien, c’est que pour garder les enseignes des grands du secteur horticole, les fleuristes doivent payer une cotisation annuelle et c’est là que le bât blesse.

« [Les petits horticulteurs] refusent de cotiser pour une politique qui favorise une horticulture industrielle, branchée sur la grande distribution et le marché mondial, au détriment des horticulteurs artisanaux qui vendent en direct sur les marchés locaux. »

Et M. Pesquet, horticulteur à la Seine-Maritime refuse d’acquitter les 180 € de cotisation annuelle et dit :

« Je vends mes plantes à massifs sur les marchés locaux. Je ne veux pas payer une taxe qui m’enterre, qui sert la cause d’une horticulture industrielle achetant ses géraniums au Kenya ! ».

Une horticulture industrielle au Kenya, vraiment ??
Rose rouge du KenyaLes journaux européens essayent timidement de passer l’information concernant la dégradation du lac de Naivasha…  mais encore une fois, rien n’y fera, puisque les horticulteurs et les ménages sont tous sous l’emprise des multinationales qui, bien souvent, cachent l’origine des fleurs.

Ceux sont RTBF et Le Monde qui ont en premier relier « la sonnette d’alarme » tirée par David Harper, écologiste et biologiste de l’Université de Leicester.   David a annoncé haut et fort que le lac Naivasha se meurt !!!

Quelques chiffres !!!  L’encadré dans l’article de Le Monde dit ceci:

« Les Pays-Bas, principal point d’entrée des fleurs en Europe, achètent 95 % des roses africaines, dont la moitié vient du Kenya.

Si la France s’approvisionne encore pour l’essentiel aux Pays-Bas, le Kenya est devenu son deuxième fournisseur direct et a représenté un marché de 6 millions d’euros en 2008. Il a progressé de 170 % entre 2004 et 2008. »

On comprend pourquoi le marché des roses est devenu la « première source de devises du pays, génèr[ant] 80 000 emplois directs et 500 000 indirectement » donc près de « 3 000 travailleurs » à Naivasha seul (note: ce chiffre me paraît faible).  On peut dire que l’horticulture au Kenya est industrielle !!

Aussi l’article de Le Monde nous informe qu' »une étude comparative a montré que les exploitations néerlandaises sont responsables d’émissions de gaz à effet de serre près de six fois plus élevées que les fermes du Kenya« . J’avais déjà parlé de cette étude** dans le long commentaire de mon article précédent et la première question que je me suis posée était « Quel est le but d’une telle étude ?, on se le demande ??« .  Une étude surement payée par les grandes chaînes de supermarché ou les grandes enseignes de commerce équitable !!

Surtout lorsque l’on sait que :

« l’utilisation massive de pesticides empoisonne l’eau et les pompages intempestifs ont vidé une bonne partie du lac. […] Et les cultivateurs consomment de grandes quantités de pesticides, dont de la chlorure de méthyle.« 

La RTBF ajoute qu’une fois :

« coupée au Kenya, la rose met peu de temps avant de se retrouver sur les marchés d’Amsterdam. Elle y est achetée par de grandes enseignes et se retrouve sur nos étalages avec la mention ‘Origine: Pays-Bas« .

Une honte !!  La même chose pour les roses israéliennes cultivées sur des terres palestiniennes occupées… Au problème environnemental s’ajouter un problème éthique et de mauvais étiquetage (éthique-étiquetage = jeu de mot = Jean Blaguin).

Enfin, les deux articles finissent par la même remarque, l’existence de labels « commerce équitable« , tels que Fairtrade de Max Havelaar ou GlobalGap MAIS j’avais déjà répondu à un commentaire sur l’article précédent écrit par un fleuriste français travaillant avec Max Havelaar, en lui disant que :

« voici les piliers du principe de commerce équitable et […] la notion de préservation environnementale (écologie) y est inclus mais les principaux piliers ont surtout un aspect économique et social« .

Et c’est David Harper** qui ajoute :

« Ils ne représentent que 10% des producteurs et leurs pratiques ne concernent en rien l’environnement« .

Nous sommes tous deux d’accord donc !

Et on finit par la phrase-qui-tue de David Harper !!
Et bien :

« Si les choses continuent de la sorte, si aucune régulation n’est mise en place, dans moins de dix ans, le lac ne sera plus qu’un étang boueux malodorant« .

OK, c’est déjà fait, c’est quoi la prochaine étape ???
Ah oui, relisez le titre cet article !!
 

Preserved roses (Vermont)Sinon, une alternative serait d’acheter des roses sublimées du Kenya, comme celles vendues par Rosavie (Vermont).

Ces roses sont préservées, c’est-à-dire qu’elle garde un aspect identique à une rose fraîche sauf qu’elles sont préservées et testées pour durer comme telle pendant plus de 8 ans !!!

**Je parlais déjà de cette étude, j’avais tout bon sur mes conclusions concernant le label commerce équitable en disant que l’environnement n’était pas la priorité pour ces labels, bref, je NE DIS PAS QUE DES CONNERIES !!

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Vos commentaires...    

3 commentaires sur “Vomir sur les roses du Kenya de la Saint Valentin !”

  1. 1Les avatars, c'est pas tres important, on attend un peu... Bled

       bonjour, vous parlez de VAL’HOR , je souligne simplement que je n’appartient pas à ce club ,ou cette confrérie, mais la loi m’oblige à payer l’adhésion obligatoire. 120 € par an. Pour engraisser les milliardaires.
    M.BLED   

     

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