Interview de Barack Obama !!
Obama et Nakitare (KBC) lors de l'interviewLa semaine dernière, et pour la première fois depuis son élection, Barack Obama a répondu aux questions d’une journaliste kényenne lors d’un interview donné par Rachael Nakitare de la chaîne KBC dans la pièce ovale de la Maison Blanche.

Obama parle bien sûr essentiellement du prochain référendum concernant la nouvelle constitution, qui aura lieu le 4 août 2010; mais la grande nouvelle est qu’il a annoncé qu’il fera tout pour venir au Kenya avant la fin de son mandat.

Plus bas dans l’article, la vidéo de l’interview ainsi qu’une traduction rapide de cet entretien. La dernière fois qu’Obama a parlé du Kenya [et en mal] s’était lors de sa première visite africaine au Ghana.

Joe Biden au Kenya !!
Joe Biden au KenyaMais, aujourd’hui, c’est son Vice-président, Joe Biden, qui sera au Kenya pour trois jours avant de rejoindre l’équipe américaine de football en Afrique du Sud pour la coupe du monde.  A l’ordre du jour, toujours et encore, comme lors de la visite de la Haute Représentante de l’Union européenne Catherine Ashton en mai dernier, le problème Al-Shabaab et celui des pirates somaliens ou en gros Que faire des pirates jugés au Kenya ??; mais, officiellement, Joe Biden est surtout ici pour marquer son appui à la nouvelle constitution.

Pour beaucoup de kényens, la visite de Joe Biden est synonyme d’embouteillages puisqu’il arrive ce soir à 19 heures et que la plupart des routes seront alors fermées ! Et quelques problèmes de commuication puisque le gouvernement à l’habitude de jouer avec les lignes téléphoniques pour des raisons de sécurité !!
Aïe !! Aïe !! Aïe !!

Et pour beaucoup de politiciens kényens, c’est une occasion de jouer l’hypocrisie car de plus en plus rumeurs circulent : il semblerait que la plupart des politiciens kényens partisans du « OUI » voteront en fait « NON » car la nouvelle constitution leur fait peur (perte de pouvoirs, risque de condamnation, diminution des salairs, pertes de biens et terrains, etc., la liste est longue).

Traduction et vidéo de l’interview d’Obama !!

C’est un plaisir pour moi de vous parler, Monsieur le Président. Les kényens sont extrêmement fiers de votre accomplissement. Et nous voulons juste savoir, alors que nous allons célébrer le 47ème anniversaire de l’indépendance du Kenya, si cette célébration a une signification particulière pour vous?

Et bien, comme tout le monde le sait, mon père était du Kenya et faisait parti de la génération qui a profité pour la première fois du mouvement d’indépendance. Mon père, dans les années 60, a reçu une bourse scolaire pour rejoindre les États-Unis alors que l’indépendance du pays était toujours inachevée, mais lorsqu’il est retourné au Kenya, c’était un pays libre plein de promesses. Et je pense que beaucoup de gens avaient plein d’espoirs devant ce pays prospère ouvert à toute possibilité.

Durant les 47 dernières années, la route n’a pas été facile et remplie d’obstacles, mais je suis très enthousiaste par les actions menées par le Parlement en avril lors de l’établissement du projet de constitution. Et le message le plus important que je voudrais adresser au Peuple kényen aujourd’hui est qu’il doit participer au référendum; qu’il doit recevoir une éducation, qu’il doit y participer pleinement et regarder de près chaque question soulevée, parce que c’est une unique opportunité pour renforcer la gouvernance du pays et passer outre les problèmes de violence ethnique et de corruption, et de suivre la voie qui mènera à une période de prospérité économique.

Et j’espère que tout le monde y participera, tout le monde tirera des avantages de cet évènement.

Plusieurs personnes opposées au projet de constitution ont déclaré que les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et d’autres pays ont interféré avec le processus constitutionnel parce qu’ils pensent que vous soutenez ouvertement la nouvelle constitution. Quel est votre point de vue là-dessus?

En fait, je soutiens ouvertement le processus constitutionnel. Mais je ne soutiens pas ouvertement le résultat. Je pense que c’est au Peuple kényen de pendre sa décision concernant l’avenir de son pays, mais étant un grand ami du Kenya et en tant que Président des États-Unis, j’espère que le Peuple kényen sera capable de tirer avantage avec autodétermination de cet évènement.

Je ne pense pas que cela soit un secret de dire aux gens qui habitent le Kenya, y compris les membres de ma famille, qu’il y a eu beaucoup de frustrations face au problème récurrent de la corruption, corruption qui empêche un développement plein et durable de l’économie du pays pourtant doté d’un incroyable potentiel. Je pense que les gens sont frustrés par les rivalités ethniques qui existent au Kenya, lorsque l’on sait qu’un pays peut aller de l’avant après avoir uni son peuple.

Je pense que les gens sont continuellement frustrés de voir comment fonctionne le système pénal ou comment agit la police, d’une manière très peu transparente et qui ne rend pas justice au peuple comme cela devrait être.

C’est maintenant qu’il faut remettre en place la plupart de ces choses qui ne fonctionnent pas. Cela ne va pas être la solution miracle, mais cela va beaucoup aider pour nous remettre dans le droit chemin.

Et nous avons vu ce qu’il s’est passé lors des dernières élections, les dangers qui existent si ces problèmes persistent, et je souhaite féliciter tout deux (Premier Ministre Raila) Odinga et (Président) Kibaki pour être parvenus jusqu’ici. Ils passent le bon message et j’espère que le Peuple kényen le prendra à coeur, et que ceux qui s’opposent au processus constitutionnel, je pense, font une grave erreur.

L’Ambassadeur Ranneberger a réitéré encore une fois votre intérêt à s’assurer que le processus constitutionnel au Kenya soit démocratique. Et maintenant, nous savons que le Vice-président Joe Biden sera au Kenya la semaine prochaine. Un de vos politiciens nous a dit que vous avez déclaré la chose suivante : « Vous approuvez la constitution et je viendrai en personne partager les célébrations avec vous« . Qu’en pensez-vous, allez-vous vraiment venir au Kenya un de ces jours?

Et bien, je peux vous affirmer que je viendrai de nouveau au Kenya avant la fin de mon mandat de Président des États-Unis. Maintenant, j’ai tellement de problèmes à résoudre, y compris l’économie mondiale qui est toujours au plus mal — nous avons une fuite de pétrole aux États-Unis qui demande beaucoup de mon temps — qu’il m’est difficile de voyager. Et pourtant, j’adorerais aller à la Coupe du monde de football mais c’est Joe Biden qui a la chance de voyager en Afrique du Sud, et il passera quelques jours au Kenya.

Mais Joe Biden, mon haut émissaire, passera le même message que le mien aujourd’hui: « Nous voulons que le Kenya réussisse ». Et la seule manière d’y arriver est que le pays s’unisse; il faut mettre fin aux conflits ethniques qui ont tellement anéanti l’Afrique et le Kenya; il faut mettre fin à la corruption qui rend les choses tellement difficile pour le développement du pays. Et puis, je pense qu’il y a tellement d’opportunités.

Pensez par exemple à l’agriculture du Kenya, elle pourrait être bien mieux gérée – j’ai toujours dit à mes amis que les kényens étaient aussi intelligents que les autres personnes dans le monde, mais que leur économie n’est pas bien organisée, si bien que tous les cerveaux se trouvant dans le pays ne peuvent pas prendre plein avantage de la situation.

Je pense qu’il faut s’assurer que les droits de l’homme soient respectés, ainsi que les droits de la femme, et que la liberté de la presse continue à prospérer au Kenya — toutes ces choses sont essentielles pour l’avenir des jeunes enfants de ce pays. Développer les zones rurales, s’assurer que l’argent ne reste pas dans les mains de bureaucrates et politiciens mais qu’il arrive au peuple, toutes ces choses sont possibles, mais il faut avant tout un gouvernement qui soit tenu responsable, et il faut une constitution qui garantisse les principes de base.

C’est une occasion unique pour les kényens de parvenir à cela. Mais sans tenir compte de l’opinion des gens — ce qu’ils pensent du projet de constitution, s’ils vont voter oui ou non — je veux juste m’assurer qu’ils participent pleinement au processus constitutionnel. Et c’est également le message que Joe Biden passera.

Vous parlez des jeunes, un grand nombre de jeunes au Kenya et dans le monde vont aux États-Unis pour y trouver un meilleur avenir, surtout pour avoir accès à l’éducation dans les universités. Mais les universités américaines sont devenues hors de prix, obligeant les étudiants à laisser tomber leur éducation pour s’engager ensuite dans d’autres activités. Pensez-vous actuellement à changer les lois sur l’immigration dans ce domaine?

Et bien, je pense qu’une réforme compréhensive de l’immigration est très importante pour ce pays. L’attirance pour les États-Unis partout dans le monde est ce qui rend notre pays unique. Et c’est comme cela que l’on finit par avoir une personne comme moi, du nom de Barack Obama, comme président parce que nous avons une tradition à accueillir les immigrés et les personnes de cultures différentes.

Mais il faut que cela se fasse par la voie légale. Il faut que cela se fasse proprement. Et, qu’il s’agisse d’immigrants d’Afrique ou d’Asie, ou du Mexique, je pense que les gens sont tous simplement, comme vous le dites, à la recherche de meilleures conditions de vie, mais ce n’est pas juste de voir qu’un jeune africain arrive dans le pays pour y étudier et finit par y rester sous visa alors qu’il y a plein d’autres étudiants africains qui attendent patiemment leur tour — et peut-être pendant plus années – pour obtenir une « green card ».

Nous voulons donc nous assurer que les gens ne soient pas récompensés en agissant contre la loi. Nous voulons un système plus efficace, efficient et rapide qui nous permette d’accueillir les talents de ce monde, mais nous voulons le faire de manière juste et légale.

Maintenant, nous voulons également nous assurer que le jeune kényen ait l’opportunité de réussir aussi au Kenya. Et le grand problème de l’Afrique est que ses meilleurs éléments finissent par migrer vers les pays occidentaux où ils perçoivent un plus gros salaire ou obtiennent une meilleure éducation.

Nous souhaitons voir les jeunes kényens réussir dans leur propre pays et y rester. Nairobi est une très belle ville, mais si les jeunes ne s’y sentent pas bien et ne peuvent pas aller de l’avant et travailler dur, et bien ils finiront par partir, et ainsi appauvrir le pays.

L’Amérique est un pays démocratique, et pourtant il n’a pas encore ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Et c’est une grande surprise pour nous, les femmes, alors que nous nous réunirons pour participer à la réunion annuelle de la Commission sur l’état des femmes, au Siège des Nations Unies à New York. Allez-vous ratifier la CEDAW?

Et bien, gardons à l’esprit que si cela ne tenait qu’à moi, nous aurions déjà ratifié la Convention. Je soutiens pleinement cette Convention. C’est désormais dans les mains du Sénat, et nous voulons que le Sénat approuve la ratification. Mais le Sénat est très occupé et avance doucement. J’espère que cela sera fait prochainement.

Qu’allez-vous faire pour lutter contre la fuite de pétrole? C’est problème nationale, mais je suis sur que le problème va s’étendre pour toucher l’Afrique et le reste du monde.

Et bien, je ne peux pas affirmer que cette fuite de pétrole va toucher l’Afrique. Mais cela soulève en effet de nouveaux problèmes de portée internationale parce qu’il y a eu dans les années passées d’énorme fuites de pétrole, en particulier à la côte ouest de l’Afrique où la production off-shore de pétrole est importante — côte du Nigéria et côte de l’Angola.

Et voilà la situation actuelle, je pense que c’est à nous de montrer aux gens les choses qui sont importantes à nos yeux, premièrement, renforcer nos standard concernant la production off-shore de pétrole; tenir les compagnies pétrolières responsables afin que des technologies pour mettre fin à ce type de problème soient développées puis utilisées lorsque des fuites apparaissent; s’assurer que le gouvernement est capable de contrôler effectivement ces compagnies pétrolières, qui sont puissantes et grandes; mais aussi, la nécessité de progresser vers l’utilisation d’une énergie plus verte à long terme.

A court terme, nous continuerons à être dépendants du pétrole, mais avec le temps, nous allons développer les énergies solaires, éoliennes et géothermiques ainsi que les biocarburants.

Il existe plein de sources d’énergie.

Et, franchement, nous, les occidentaux, devons commencer à consommer de manière plus efficiente parce que la quantité d’énergie consommée par un africain est 50 fois moins supérieure à la quantité d’énergie consommée par un américain moyen, ou même plus. Donc, nous consommons trop d’énergie pour un rythme de vie trop élevé.

Etant donné que beaucoup de pays deviennent des pays développés — ils voudront les mêmes voitures que nous, les mêmes systèmes de climatisation et tous les autres gadgets que nous possédons et qui demandent un forte consommation d’énergie — nous devons mettre tout en oeuvre pour trouver des nouvelles sources d’énergie qui ne polluent pas la planète.

Nous avons vraiment apprécié passer du temps avec vous, Monsieur le Président. Peut-être un dernier petit mot pour les kényens qui nous écoutent.

Et bien, toutes mes félicitations pour votre 47ème année d’indépendance. Faisons le nécessaire pour que le Peuple kényen tire avantage et participe pleinement au processus constitutionnel.

Et 47 plus tard, espérons-le, nous deux, ainsi que nos enfants et petits-enfants, regarderons en arrière dans le temps et dirons que le Kenya avait pris un grand tournant pour prendre le chemin qui mène à la prospérité et au développement.

POSTTAG - Array


Vos commentaires...    

Trackbacks/Pingbacks

  1. Wikileaks & Kenya - Les premières fuites !! · Peperuka

Toutes les photos de l'article...    

  • Enfin, Obama parle du Kenya et Joe Biden débarque !!! » Obama et Nakitare (KBC) lors de l'interview
    Obama et Nakitare (KBC) lors de l'interview
    -------
    President Barack Obama interview with Kenyan Press...
  • Enfin, Obama parle du Kenya et Joe Biden débarque !!! » Joe Biden au Kenya
    Joe Biden au Kenya