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Le mois dernier, le Gouvernement britannique a eu l’idée de lancer un nouveau programme afin de surveiller toutes les communications nationales.

La mise en place d’une telle initiative, appelée « Communications Capabilities Development Programme (CCDP)« ,  sous-entend que le gouvernement surveillera en temps réel toutes les conversations téléphoniques, emails et SMS de la population anglaise ainsi que sur les sites sociaux tels que Facebook, Twitter, etc.

La raison de cette initiative, la montée en puissance de la cybercriminalité et, surtout, la lutte contre toute menace terroriste lors des prochains Jeux olympiques d’été de Londres !

Sur BBC, un journaliste s’est donc posé la question suivante :

« Si le gouvernement britannique trouve cette initiative légitime et l’appuie, pourquoi continue-t-il donc de montrer du doigt les pays qui appliquent ou souhaite appliquer ce genre d’initiative chez eux, comme la Chine ? Et cette prise de position ne favoriserait-elle pas la mise en place de ce genre de programme dans d’autres parties du monde ?« 

Et là, vous vous dites:

« Oh de toute façon, je vis au Kenya, aucun problème !« 

Et bien non, bien au contraire !!
On savait déjà que le gouvernement kényen surveillait de très près les SMS, et ce  depuis que le Kenya est officiellement entré en guerre en Somalie. Je disais d’ailleurs sur la page Facebook, le 2 novembre dernier, ceci:

Attention, le gouvernement a annoncé qu’il surveillerait tous les SMS qui mentionneraient Al-Shabab et que tout personne donnant des fausses informations (genre fausse alerte) serait emprisonné !! Donc, évitez les blagues Shabab par SMS

Et bien, le gouvernement kényen a décidé d’entamer la seconde phase, le lancement d’un programme pour tout surveiller, le Network Early Warning System (NEWS) !

En effet, le Communications Commission of Kenya (CCK) – le département chargé de la communication – a créé une équipe spéciale chargée de surveiller les communications sur Internet, y compris les communications personnelles. Ce groupe appelé National Cyber Security Steering Committee va surveiller tout ce qui se dit sur la toile pour ensuite signaler tout incident au Kenya Computer Incident Response Team (Ke-CIRT), un bureau central chargé de lutter contre la criminalité en ligne.

Ce système sera opérationnel dès juillet, et ce malgré le fait que certains spécialistes, juristes et fournisseurs d’accès ont signalé que ce système était en brèche avec l’article 31 de la nouvelle constitution qui garantit le respect du droit de la vie privée (et donc des communications personnelles) et l’article 34 qui garantit la liberté d’expression des journaux, blogs, etc.

Mais que nini…

Tout comme les chevaliers qui disent ni ni, le CCK ne cède pas aux pressions… (désolé, j’adore ce passage)

Il a même annoncé que le Kenya Information and Communications Act l‘autorise à mettre tous les moyens en oeuvre pour combattre la criminalité en ligne.

Il faut noter que la cybercriminalité, d’après la CCK, se place en quatrième place des formes de criminalité dans le pays et coûterait plus de 3 milliards de shillings par an à la zone d’Afrique orientale… Et qu’au début de l’année 2012, une centaine de sites Internet gouvernementaux ont été hackés par un hackeur indonésien.

La cybercriminalité au Kenya, vraiment ??
Mais en lisant entre les lignes, on constate que le gouvernement a également deux autre programmes en tête, en plus de lutter contre la cybercriminalité :

  • Le premier est la lutte contre le terrorisme. La cybercriminalité comprend déjà la lutte contre le cyberterrorisme, c’est-à-dire toute attaque en ligne menée par un groupe terroriste… mais c’est étroitement lié à la lutte contre le terrorisme. Donc toute personne utilisant Internet comme outil de communication et de propagande terroriste ou qui s’amuse à faire des fausses alertes, et autres, risque d’être suivie/mise sous écoute par NEWS.
  • Le deuxième est la lutte contre les messages/textes inflammatoires qui promeut la violence. Une cause beaucoup plus facile à deviner lorsque l’on sait que le Ministre de la communication lui-même a dit :

« Nous avons eu beaucoup de problèmes en 2007 et 2008. Il est désormais impératif que l’on ait un outil d’espionnage qui permet de lutter contre les messages de haine, les spams et autres activités criminelles. Cette année nous aurons des élections présidentielles et nous commençons de nouveau à constater des messages offensifs provenant de la diaspora. Je pense que tout le monde est d’accord sur le fait que nous devons faire attention”.

Vous en pensez-quoi vous ?
Pour ma part, je pense que c’est une bonne chose et je suis pour ! Beaucoup pensent que « si vous n’avez rien à cacher et/ou vous n’avez rien à vous reprocher, et ce genre de système ne vous concerne pas… » Et bien si, cela vous concerne car vous pouvez toujours très bien être la victime !!

Et des victimes, il y en a des milliers par jour !! Vous ne l’aviez peut-être pas remarqué mais Internet possède déjà de nombreux outils et systèmes permettant de lutter contre la cybercriminalité et autre forme de menaces telles que le cyberbullying… Rien qu’un paiement sur la toile avec Paypal (pas Paypal gift, attention) vous donne une protection pour 30 jours, et ceci n’est qu’un exemple !

(suite…)