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Jah Cure était venu au Kenya en décembre 2012 pour y tenir un concert.  C’est le dernier artiste de renommée mondiale, avec Erykah Badu, à être venu au Kenya !!

Pour montrer son amour pour le pays, Jah Cure a publié sur Twitter une photo de lui nu, les parties intimes protégées par un bouclier peint des couleurs du drapeau kényen !!

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Jah Cure a ensuite visité le bidonville de Kibera (qui n’est pas le plus grand bidonville d’Afrique, c’est bidon(ville))… Fumant ses pétards remplis de « kaya » à la vue de tout le monde !!

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Bon, heureusement, monsieur Cure n’a pas été mis en prison car le Kenya ne plaisante pas avec son drapeau et encore moins avec le fait de fumer de l’herbe !! Mais Jah Cure n’a pas froid aux yeux… on comprend un peu mieux pourquoi en lisant sa page Wikipedia, car, peu après son premier single à succès, « King in this Jungle » (1997), il a été condamné à 15 ans de prison en novembre 1998 pour possession d’armes à feu, vol à main armée et viol. Ouch ! Il a été libéré en 2007.

(suite…)

L’art de rue, connu sous le nom de graffiti, prend de l’ampleur au Kenya !!
Et oui, on avait déjà eu droit à une séance de breakdancing et au premier flashmob au Kenya, et bien voilà qu’un mur de la ville de Nairobi a été décoré de son premier vrai graffiti, un graffiti protestataire en plus  !!

Mais vous aviez surement remarqué qu’il y a de plus en plus de graffitis à Nairobi; la plupart d’entre eux mentionnant des candidats à la prochaine élection, dont ceux de Uhuru Kenyatta ou de Mwai Kibaki, ou des héros de la nation comme Wangari Maathai.

Cette montée en popularité des graffitis peut être expliquée par deux facteurs : la construction de la rocade à Nairobi – et par conséquence, de nombreux ponts, tunnels, murs, etc. – et le début de la campagne pour les prochaines élections présidentielles.

À ma connaissance, il y avait très peu de graffitis/tags protestataires au Kenya; les seuls que je connaisse étaient ceux de Solomon Muyundo, aka SOLO 7, qui avait taggué les murs et tôles ondulées de Kibera de messages appelant à la paix alors qe les autres s’entretuaient.

Grâce à son acte et son projet Art4Peace, SOLO 7 et la poignée d’artistes travaillant à l‘atelier de Kibera Maasai Mbili sont devenus très populaires dans le milieu artistique kényen…

D’ailleurs, l’atelier Maasai Mbili est désormais un des endroits à voir lorsque l’on visite la périphérie de Kibera; et les artistes y travaillant ont reçu des fonds de diverses ambassades et des projets culturels ont été élaborés pour promouvoir leur travail !

Pour en savoir plus, vous pouvez toujours lire une interview/présentation de SOLO 7 ou visiter la page Facebook de l’atelier Maasai Mbili ou au Rustique entre le 2 mars et le 4 avril 2012 !!

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Nous sommes allés se balader en ville samedi dernier pour y acheter des tissus à Biashara Street et du crabe/thon au City Market lorsqu’à ma grande surprise j’aperçois le mur de Muindi Mbingu Street décoré d’un immense graffiti !!

Ce mur m’a toujours intrigué car il est resté pendant des années dénudé, avec la peinture qui tombe et certaines briques apparents… et, étrangement, il borde un square/parc bétonné protégé par des barrières…

En fait à chaque que je passais par là, je ne pouvais m’empêcher de penser à l’artiste Vhils qui décore les murs à travers le monde en les martelant et les grattant. Bref, ce mur de Muindi Mbingu Street était parfait support pour l’artiste Vhils (voir photo au dessus) !

Mais non, c’est un groupe de jeunes activistes kényens qui a en premier eu le courage de peindre ce long mur dénudé pour passer un message fort aux politiciens kényens !!




En grand format : Photo 1, 2, 3 et 4

Et la question que tout le monde se pose, qui est derrière cette acte de protestation unique en son genre ??
Et bien, il semblerait, d’après un article rédigé sur le site Vice.com, que le commanditaire de ce graffiti est le photojournaliste Boniface Mwangi

Boniface MwangiJ’ai parlé plusieurs fois de Boniface Mwangi sur ce blog et sur notre page Facebook. Boniface est pour moi est un des activistes les plus importants de cette jeune génération de kényens, un héro de la nation. Nommé meilleur photo-journaliste africain de l’année 2008 et 2010 par CNN, il a notamment interrompu le speech du président Kibaki en 2009 et accusé plusieurs fois les politiciens de criminels sur les différents réseaux sociaux… mais c’est  surtout son projet Picha Mtaani qui a dérangé le plus. En effet, Boniface a exposé ses photos des conflits électoraux dans plusieurs villes du Kenya (souvent sans autorisation) pour que la population n’oublie jamais les cruautés commises en 2008 !!

Pour voir les vidéos de Boniface Mwangi ainsi que tous les liens Internet vers ses sites personnels et projets, je vous recommande de lire Pour ne pas oublier publié en avril 2011 (attention, âmes sensibles s’abstenir).

Les graffitistes de Nairobi ??
Vous l’aurez bien compris, ce n’est pas Boniface qui a sprayé ce long mur de 10 mètres… Boniface n’est juste que le cerveau de cette opération, il s’est occupé de l’organisation comme fournir le matériel pour les taggeurs, les spots lumineux pour éclairer le mur et même la présence d’officier de police pour assurer la sécurité.

Alors qui a exécuté le graffiti ? L’article de Vice parle d’un artiste allemand, Markus Quinting, aka Tona, vivant à Nairobi et « connu de la police allemande pour avoir été sous écoute » (très surprenant). C’est surement cet artiste qui a effectué le vautour tandis que d’autres taggeurs kényens – surement des membres de Spray Uzi et/ou de Pawa254, le dernier bébé de Boniface – se sont occupés des textes.

Et, et… Il y a un deuxième graffiti sur Kenyatta Avenue près de Gulf African bank/ICEA building que Boniface a pris en photo et posté sur son compte Twitter.

Ce graffiti appelle les jeunes à une révolution pacifique à l’aide de leur bulletin de vote, « c’est maintenant » (ni wakati en swahili)

Et ensuite ??
En tout cas, pas de doute, Boniface Mwangi et son nouveau hub d’artistes Pawa 254 – dont les bureaux sont situés à quelques mètres de State House – nous préparent encore beaucoup de choses !! Il faut du courage pour faire ce qu’ils font et, comme le dit Boniface, « au pire ils vont juste nous arrêter« … certes, mais pour Tona l’allemand, le pire est qu’il soit expulsé du pays, non ??

Et encore plus surprenant, deux/trois semaines après, le graffiti est toujours là ???

BLNRB et Just a Band, toujours plus fort !!

Partage

Voici les trois clips des chansons de Just a Band se trouvant dans l’album BLNRB !

La première est 100% realisé par des kényens; c’est Bobb Muchiri de la boîte de production Studio Ang qui l’a réalisé avec l’aide des artistes de Kibera de l’atelier Maasai Mbili !

Et c’est sans aucun doute la vidéo la mieux réalisée jusqu’à ce jour par une boîte de production locale, encore mieux que la fameuse pub Safaricom qui avait fait tant de buzz !

Une autre aussi style dubstep…

Mise à jour (24 octobre): la cinquième vidéo vient d’être présentée cette semaine, Ma Bhoom Bhoom !!

Et puis, je vous met les deux autres, faites par Just a Band ! Beaucoup moins bien à mon goût, même musicalement !

Esther Havens
Une série de photos d’Esther Havens – photographe humanitaire qui a voyagé dans plus de 45 pays – effectuée pour Charity Water…


« L’eau insalubre et la manque de sanitation sont la cause de 80% des maladies dans le monde et tuent plus de gens que toute autre forme de violence »

Vintage Kenya
Après la publication de 10 000 photos de l’Afrique coloniale par les archives nationales anglaises et , c’est le site LIFE qui a publié une vingtaine de photos du Kenya du siècle dernier sous le nom « Vintage Kenya« …
Vintage Kenya de LIFE
Vintage Kenya de LIFE Vintage Kenya de LIFE Vintage Kenya de LIFE
Bien sûr, toutes les photos sont copyright de soit Life Pictures soit Getty Image (contrairement aux archives).

So Yoon Lym
Les dessins de l’artiste So Yoon Lym ressemblent de loin à de vraies photos et pourtant ce ne sont que des dessins. On aime sa série « Dreamtime » qui représentent quelques coiffures aborigènes… Et oui, aborigènes d’Australie comme nous l’explique So, c’est trompeur car on croirait des coiffures africaines.
Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Dessin de So Yoon Lym - Dreamtime Alors quel est le lien entre le Kenya et les dessins de So ? Aucun, à part que So Yoon a vécu les 7 premières années de sa vie au Kenya !

Miguel Candela
Miguel est un photographe espagnol qui se spécialisent dans la photographie de communautés et de leur manière de vivre. Il est venu au Kenya pour photographier la tribu maasai. Toutes les photos ont une petite légende… À voir !!
Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai
Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai Miguel Candela - Au coeur de la tribu Maasai

Tobin Jones
Et on finit avec le site de Tobin Jones qui possède cinq galleries photos sur le Kenya: les guérisseurs de Kibera, la décharge de Dandora, les lépreux de Baraka, les boxeurs des bidonvilles, les réfugiés de Vumilia.  À ne pas rater !!
Tobin Jones - IDPs of Vumilia
Tobin Jones - IDPs of Vumilia Tobin Jones - Dandora Dumps Tobin Jones - Dandora Dumps Tobin Jones - The lepers of Baraka Tobin Jones - The lepers of Baraka Tobin Jones - Healers of Kibera Tobin Jones - Healers of Kibera Tobin Jones - Healers of Kibera Tobin Jones - Slumdog Boxer Tobin Jones - Slumdog Boxer

Et oui !!! 43 tribus !!

Donc, si vous avez répondu 42 tribus (soit 73% des participants) à la question pour le concours kikoi et bien, dommage, c’est raté !!! D’ailleurs, le concours est fermé, pas un seul gagnant donc tirage au sort dans la journée…

Car il y a bel et bien 43 tribus au Kenya… la dernière tribu reconnu officiellement par l’administration de Kibaki en 2007 étant les nubiens de Kibera…

Vous pouvez ignorer les 139 pages qui parlent de « 42 tribus » (dont le Petit futé, le Guide du Routard, l’Union africaine,) et saluer les 4 pages qui parlent de « 43 tribus ».

Et voici l’histoire des nubiens… les oubliés du Kenya…

Vers la fin du XIXème siècle, lorsque le Soudan était sous la tutelle anglo-égyptienne, l’armée britannique enrôlait de force les soldats soudanais de la région de Nubia pour l’armée turco-égyptienne. Ces soldats soudanais ont joué pendant des années un rôle très important défendre toute la région de la corne d’Afrique orientale contre les forces allemandes et italiennes installées en Somalie, au Soudan et en Tanzanie… que ce soit durant la première et la deuxième guerre mondiale.

Après une mutinerie en 1897, l’armée anglais a décidé de les ramener au Kenya et de leur attribuer un terrain/camp dans la ville de Nairobi. Ce camp fut appelé par les nubiens « Kibra« , ce qui signifie dans la langue nubi « le pays de la forêt« … En 1955, 3 000 nubiens vivaient à Kibra; et un siècle après, ce lieu –  désormais connu sous le nom de Kibera, un des plus grands bidonvilles d’Afrique – est toujours habité par des nubiens; et l’on compte environ 100 000 nubiens au Kenya.

Les nubiens et Kibera d’avant….
Les nubiens du Kenya (avant)
Les nubiens du Kenya (avant) Les nubiens du Kenya (avant) Les nubiens du Kenya (avant) Les nubiens du Kenya (avant) Les nubiens du Kenya (avant)

Jusqu’à l’indépendance du pays en 1963, les nubiens étaient appelés « personnes sous protection britanniques » mais ils étaient censés recevoir la nationalité kényenne une fois le pays proclamé indépendant et devenir propriétaire du terrain de Kibera. Mais cela n’a pas été le cas et la plupart des nubiens de Kibera se sont trouvés sans nationalité.

Aujourd’hui encore, 50% de la population des nubiens vivent à Kibera, l’autre moitié ayant quitté le bidonville pour vivre dans des villages du Kenya généralement habités principalement par des nubiens. Et parmi les nubiens, beaucoup sont toujours sans nationalité (environ 13% des adultes ou plus) et peinent à obtenir la nationalité kényenne.

Prenons le cas d’Abdulhaleem El-Busaidy: on lui a refusé la nationalité kényenne en 2010 parce qu’il n’avait pas le certificat de naissance de son grand-père. Un officier lui a indiqué qu’à cause de son appartenance ethnique, sa nationalité doit être vérifiée conformément à une circulaire secrète stipulant que:

« Pour les asiatiques et les arabes, un certificat justifiant la nationalité des parents et des grands-parents est nécessaires« .

Cette circulaire, de la section 8 du Registration of Persons Act s’applique encore actuellement pour les populations vivant près des frontières kényennes (comme les somalis, les borans et les gabras) ainsi que des groupes ethniques particuliers (comme les nubiens, les arabes de la côte et les sud-asiatiques).

Une situation pénible pour les nubiens et autres groupes ethniques, pour la plupart musulman, car la majorité doit obtenir les documents souvent inexistants et passer une interview devant des officiers corrompus.

J’ai été voir la personne en charge de la délivrance des cartes d’identité et elle m’a demandé si j’étais musulman et j’ai répondu « Oui » alors elle m’a dit « Ok, nous ne réglons pas les problèmes des musulmans ici »

Depuis que les nubiens ont été reconnus par le Président Kibaki en 2007 comme étant la 43ème tribu officielle du pays, les choses ont quelque peu changé. La plupart d’entre eux ont désormais une carte d’identité mais la discrimination sociale perdure et les nubiens sont toujours marginalisés; 70% des nubiens sont sans travail et seulement 2% des enfants atteignent les études secondaires… et même à Kibera, la communauté nubienne est exclue des projets de réhabilitation urbaine lancé par le Gouvernement kényen et pire encore le gouvernement refuse de leur attribuer les 4 000 hectares de terrain de Kibera.

Les nubiens et Kibera d’après
Les nubiens du Kenya (après)
Les nubiens du Kenya (après) Les nubiens du Kenya (après) Les nubiens du Kenya (après) Les nubiens du Kenya (après) Les nubiens du Kenya (après)

Reférences

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Traduction d’extrait des rapports « Nationality and Discrimination: The Case of Kenyan Nubians« ; « Nubians: Numbers and Voices » et « IslamKenya Bulletin« 

Pour voir toutes les photos du peuple nubien et de Kibera d’avant et d’après, rendez-vous sur le site NubiansinKenya.com, créé par Greg Constantine.

Et ce texte français sur l’apatridie des nubiens du Kenya